Comme bien d'autres arts, la bande déssinée ne touche guère que ses adeptes. Il a y a parfois des exceptions à cette règle, et certainement La série de L'Incal en est une, car ses répercussions sont planétaires ... et je pèse mes mots !
Avant de poursuivre, voyons tout d'abord ce qu'est cette série, explorons ensemble chacun des six volumes qui la composent.

 



L'Incal Noir, premier volet de la série, met en place les protagonistes dans une intrigue policière, une ambiance à la Blade-Runner, au coeur d'une ville déshumanisée.
John Difool, minable détective, se trouve mouillé dans une embrouille, dont l'envergure s'avérera au fur et à mesure du récit d'ampleur interstellaire ! ... mais n'allons pas trop vite.
Des terroristes des bas-fond qui s'en prennent tout soudain à un minable détective, les Sbires du Prez qui s'y mettent, l'apparition soudaine d'extra-terrestres, dont les autorités ne soupçonnaient à peine la présence jusque là ... tout ça pour ce pauvre Difool, et tous courent après le même but : L'Incal ! Qu'est-ce donc que cela ? Un mythe, une légende, ... une arme ?



Suite des aventures de ce pauvre Difool, apparition de l'Incal Noir, frère de l'Incal Lumière, "trouvé" par Difool au premier épisode.
Cette fois l'intrigue se déroule en plein territoire "Techno", ces hommes liés autour de l'idéal Techno-Humain, du lien parfait de l'homme et de la machine : la machine est l'évolution naturelle de l'homme.
Mais à peine John ( aidé de Deepo, sa mouette à béton ) a-t-il récupéré ce si convoité Incal Noir, que la femme de ses rêves vient le lui ravir, et l'homme de ses pires cauchemards ( le Méta-baron ) vient lui ôter la vie ... ainsi s'a



Lors des deux premiers épisodes, une certaine quête autour de l'individu avait débuté, initiée par l'Incal Lumière, sorte d'être hors du temps, tout à la fois Guide et sorte de Deité.

"Ce qui est en bas" est une plongée en profondeur dans les noirceurs de l'âme humaine, ce qu'il s'y cache de plus crasseux. Au fur et à mesure des pages on s'enfonce de plus en plus profondément, notre mauvaise conscience guidée par les mutants de profondeurs ( et leur chef, Gorgo le sale ). Mais le but n'est-il pas en fait de retrouver cette étincelle de pureté qui se trouve en chacun de nous ? L'union de l'équipe formée par Difool, Animah ( la fille des rêves ) , le méta-baron, deepo, Tabatah et Kill-Tête-De-Chien, et Solune réalise l'équilibre parfait qui permet l'union des contraires : l'Incal Noir et l'Incal Lumière !



La menace enfin se précise : le ténèbre approche, et la réunion de l'équipe autour de l'Incal représente la riposte du côté Humain de l'Univers.
Dans ce combat, l'ennemi se matérialise sous la forme du Oeuf techno, dévoreur de soleil, et vecteur de la ténèbre dans l'univers.
Pour se battre contre cette force immense, tous les alliés sont bons, même ces fameux Berg, aperçus au premier épisode, extra-terrestre venant de l'autre bout de l'univers et pris tout soudain d'une rage de conquète !
Cette "façade" vaincue, la ténèbre semble repoussée pour un instant. Hélas, n'ayant reculé que pour mieux sauter, c'est maintenant le pouvoir central de l'Empire qui est visé dans sa chair ...




La menace se précise, le réel vecteur est localisé, l'équipe de l'Incal se mobilise alors pour la détruire, réunissant peu à peu toutes les planètes de l'ancien empire sous l'égide d'un nouveau gouvernement, dirigé indirectement pas l'Incal : un empire de droit divin.
Une fois de plus, l'ennemi est vaincu, mais encore une fois, la ténèbre profite de l'évenement pour effectuer une avancée ! Déjà la lumière commence à baisser dans l'univers, et chacun est amené à chercher au fond de lui-même la force se battre.
Mais cela ne suffit pas encore et le mal semble envahir pour de bon l'univers entier ... à moins que ...



Les bergs, encore eux ! L'univers entier suit désormais la voie tracée par l'Incal et seuls eux y résistent encore ... mais pour combien de temps ? Ils sont des centaines de milliards, et John Difool ne dispose que de 24h pour les convertir ! Pure formalité ? Il manque pourtant d'y perte la raison ( l'avait-il toujours ? ) et les c......s !

Reste à attaquer la ténèbre en son coeur, de retour au centre de la terre, au coeur de l'humanité là où se cachent toutes les pires noirceurs !

 


Quête métaphysique sur l'individu et l'équilibre tout à la fois nécessaire et instable du bien et du mal, la série de l'Incal a fait de nombreux petits, souvent bien moins philosophique !

On peut citer parmis eux toute la série "Avant l'Incal", qui raconte la jeunesse de John Difool, comment il obtint son rang de détective, où il rencontra cette fameuse mouette à béton.
Si elle ne possède pas la touche particulière du couple Moebius / Jodorowky, elle se laisse lire fort bien, mais il est dur d'y trouver tous les symboles de l'Incal, et d'ailleurs ce n'est pas son but !

Non des moindres, un autre "enfant" de l'Incal est la série des Méta-Barons, du début de l'histoire au méta-baron de l'Incal. Série à grand succès, dessinée par Gimenez, elle mérite réellement le détour.
Graphiquement très bonne, le scénario est lui aussi recherché, et toujours dans l'esprit de la série originale. C'est avec "Avant l'Incal", un pas de plus vers une description de plus en plus précise de l'Univers imaginé à l'origine, avec toute sa richesse, que chaque album nous dévoile page après page.


 

Enfin, dernier élément en faveur d'une reconnaissance de cette oeuvre grandiose : le cinéma !
Nous sommes nombreux à avoir vu (selon de degrés d'appréciation divers ...) le dernier film de Luc Besson :
"Le Cinquième élément"
Vous l'avez vu ? Alors faites maintenant le raprochement avec la série originale ...
Je vais vous aider un peu :
Mélangez John Difool et le méta-baron, et vous obtenez Bruce Willis
L'Incal et Animah sont mélés pour s'incarner en la ravissante Lee-Loo,
Cet sphère maléfique qui va détruire l'Univers ? La ténèbre.
Ce pseudo-nazi contacté par la ténèbre, à la fois ridicule et terrible : les technos.
Cette race d'extra-terrestres qui ont visité la terre il y a bien longtemps ? Les Bergs.
Cette étrange star de la télé, qui donne du rythme aux réceptions sur le vaisseau ? Lisez les albums, il tient un rôle fondamental lui aussi.
Les monstres bizarres qui prennent en otage le vaisseau ? Les monstres des profondeurs sur Terra.
J'arrêterai là mais la liste est non-exhaustive... un dernier point cependant :

Moebius a beaucoup travaillé sur ce film, avec Mezières ( autre dessinateur talentueux ), dernière preuve pour les sceptiques qui pourraient encore subsister.

Bien peu de bandes dessinées ont eu le privilège de passer sur grand écran.
Celle-là en particulier en était réellement digne.